La 5ème édition de cet événement fintech de référence s’est terminée avec 2 700 participants, dont deux tiers d’étrangers, 320 intervenants de haut niveau, 150 exposants au sein de 3 halls d’exposition sur 2 niveaux… Une bonne occasion pour faire le point sur la fintech en France.
Année record en nombre de sociétés, en levées de fonds…
Levées de fonds record mais aussi rapprochements croissants avec la finance « historique », prédominance des Paytech et Insurtech, mais aussi difficulté à émerger pour d’autres segments, préoccupations sur le sens de la finance, mais écosystème peu féminisé… si le secteur peut se targuer de belles réussites, il présente aussi de grandes disparités.
Un rapport réalisé par la société NewAlpha Asset Management et le cabinet de conseil Exton Consulting, publié le 28 janvier au premier jour du Paris Fintech Forum permet d’avoir une image précise du secteur Fintech français, en commençant par le nombre d’entreprises : 352 recensées, un chiffre record.
Le rapport souligne aussi une année record en termes de levées de fonds, avec le cap des 600 millions d’euros franchi et un secteur représentant 13% des levées de fonds de la French Tech. Ces montants restent toutefois en retrait par rapport à ceux levés au Royaume-Uni et en Allemagne, qui dominent le classement en Europe.
Le secteur attire de manière croissante les investisseurs internationaux, avec des VCs étrangers qui ont mené 2/3 des levées de fonds supérieures à 10 millions EUR l’an dernier, contre 20% en 2018, et dont la dynamique a trouvé deux confirmations en ce début d’année avec les levées de fonds d’envergure de Lydia et de Qonto, auxquelles a participé le géant chinois Tencent.
Le rapport indique aussi que 83 fintech ont fait leur entrée dans cette nouvelle édition et que 51 présentes l’année dernière n’y figurent plus ; des chiffres pouvant être interprétés comme un signe de dynamisme, mais aussi d’instabilité et de difficulté à sortir du financement comme moteur principal de développement, pour parvenir à une croissance plus saine, menée par le chiffre d’affaires et surtout la rentabilité des opérations.
Des secteurs émergents prometteurs pour 2020 :
En 2019, l’industrie financière s’est beaucoup intéressée aux solutions permettant l’agrégation et la valorisation des données bancaires transactionnelles… L’été dernier, Crédit Mutuel Arkéa s’est offert Budget Insight, BNP Paribas a récemment investi dans la startup suédoise Tink, Bankin’ a fait entrer le groupe Casino à son capital et Crédit Agricole a mis la main sur Linxo, spécialiste de l’agrégation de comptes bancaires.
L’entrée en vigueur de la directive européenne DSP2 et le développement du paiement instantané sont deux sujets majeurs de transformation, qui devraient favoriser l’émergence de nouvelles PayTech capables de proposer des fonctionnalités de paiement enrichies dans les années à venir.
L’émergence de l’« open banking » est à souligner. Cette circulation des données de paiement, avec l’accord préalable du consommateur, marque le début de l’ère de la banque ouverte. Deux raisons expliquent ce changement. La première est réglementaire, avec la récente entrée en vigueur de la nouvelle directive européenne relative aux services de paiement (DSP2), mentionnée ci-dessus, qui contraint les banques à rendre accessibles ses données. La seconde est d’ordre économique : pressurisés par un environnement de taux bas et concurrencés par l’arrivée de nouveaux acteurs, les établissements bancaires sont obligés de développer de nouveaux services pour générer d’autres sources de revenus et fidéliser leurs clients.
La Fintech française veut briller à l’international
4 fintech françaises apparaissent dans le top 100 mondial réalisé par KPMG (alors que le Royaume-Uni en compte 11, les Etats-Unis 15, la Chine 10 et l’Inde 8) mais, signe de l’importance accordée au secteur, 7 ont été sélectionnées par le gouvernement français dans le Next 40 (Alan, Ledger, October, Shift, Younited Credit, Wynd et Ivalua) et 7 autres (Digital Insure, Lemonway, LGO, Lunchr, Lydia, Qonto et Spendesk) viennent d’intégrer le French Tech 120, une sélection des startups en forte croissance qui bénéficieront d’un accompagnement spécifique dans l’objectif de devenir des champions européens.
Si les Fintech françaises peinent à devenir des acteurs de référence à l’échelle mondiale, certaines gagnent tout de même du terrain en Europe et ouvrent la voie. C’est le cas par exemple de Younited Credit, déjà présente dans 3 autres pays européens, tout comme la plateforme de prêts participatifs October (ex-Lendix). Certaines sont même déjà allées plus loin comme Wynd, déjà présente en Italie, en Espagne, au Portugal, mais aussi au Maroc, aux Emirats Arabes Unis, en Thaïlande et à Hong Kong, ou Shift, qui entend diffuser l’intelligence artificielle dans l’assurance, peut-être la plus internationalisée, avec des bureaux à Londres, Madrid, Zurich, mais aussi à Hong Kong, Singapour, Tokyo, Boston, Toronto et Sao Paulo.
C’est à la multiplication de success-stories à l’international que se mesurera in fine la progression de la fintech française.